Quand les seigneurs locaux ont ordonné aux habitants, ouvriers, servants, servantes, tâcherons de se tenir propres et de se laver régulièrement ainsi que leurs vêtements, l’idée leur est venue de la construction de lavoirs.
Auparavant, la lessive n’était autorisée que deux fois l’an en avril et en octobre, c’est dire que les vêtements des tacherons et ouvriers agricoles, forts des travaux quotidiens devaient avoir une certaine tenue (rigidité) et de plus une certaine odeur. L’hygiène à cette époque n’était pas d’actualité, il faut savoir qu’en ce temps il y avait un rejet de l’eau, perçue comme un agent dangereux susceptible de pénétrer dans le corps et d’y introduire miasmes et pestilences.
La toilette était donc sèche, au lever, on trempait « une chiffe » dans un bol plein d’eau, puis on passait ce linge mouillé autour du nez, de la bouche et des yeux pour se débarbouiller.
Le dimanche on pouvait changer de linge c’est-à-dire la chemise, la toilette est un peu moins sommaire car on se savonne la figure, le reste du corps il ne faut pas en parler. L’invisible, les pieds et le reste importaient peu. Entre la moitié du XVIIIe et l’aube du XIXe siècle, comme souligne Daniel Roche dans « La culture des apparences », l’entretien du corps laissait donc pour le moins à désirer et le tableau se fait encore plus sombre lorsqu’on n’y joint celui du linge. Autrefois l’hygiène était très sobre, comme il est décrit à la perfection dans « La vie quotidienne dans le Vexin ».à cette époque, les lavoirs étaient un lieu de rencontre et de conversation, tout était passé en revue, la vie du village et divers commérages…
Depuis l’arrivée de l’eau courante dans les habitations (en 1963/64), chaque foyer possède maintenant une machine à laver le linge. La commune, conservatrice est soucieuse de maintenir en état ce petit patrimoine qui fait la fierté des habitants, la joie des promeneurs et des randonneurs.
A Buchet, le lavoir est situé au bout de l’impasse « Chemin du lavoir » il a été construit à l’endroit même de l’arrivée du Cudron, après la vanne du « Faux-rû » sur le bief du moulin de Buchet « Moulin de la bonde ». À l’origine, ce lavoir était constitué de deux bassins, l’arrivée d’eau se faisait par un siphon qui alimentait le premier bac, cela permettait à l’eau de se décanter un peu avant de rejoindre le deuxième où les lavandières venaient rincer le linge. Une vanne, permettait de vidanger rapidement les bassins, et l’eau, rejoignait le Faux-rû.
Ce lavoir est relativement récent comme le démontrent les matériaux utilisés, (mi XIXe) le sol est pavé de briques de la même sorte que les murs, la toiture est faite de tuiles mécaniques dites « tuiles de Beauvais » A l’origine, ce lavoir n’était pas couvert il s’agissait simplement d’une pierre (toujours visible) qui était posée sur la rive, permettant de rincer directement son linge dans le cours du ruisseau. Il s’en trouve quelques autres du même type dans le village, aménagées par les riverains. En 2006, le lavoir a été remanié afin de restaurer l’évacuation d’eau et y ajouter un nouveau bac servant de prise d’eau pour les pompiers. Peu après, le Cudron poursuit son chemin en bifurquant à angle droit pour cheminer dans le fond de la vallée.
A Buhy, le lavoir est situé au fond de l’impasse sise dans la « rue de la Source ». Il est alimenté en permanence par une source qui suinte de la colline qui le surplombe. C’est un mince filet qui l’alimente en continu à raison de quelques litres par minute. Le lavoir de Buhy est de même type que celui de Buchet si ce n’est que les bassins sont un peu moins profonds, et d’une surface plus importante.