Le cudron à Parnes

Le Cudron

Le rû, qui traverse le hameau de Buchet de part en part porte le nom de Cudron ( Cul de rond ou Cuderon, orthographes rencontrées dans d’autres communes qu’il traverse). C’est un affluent de l’Epte, qu’il rejoint à l’entrée de Saint-Clair. Le Cudron prend naissance sur la commune de Montagny-en-Vexin, sa source principale, considérée comme lieu d’apparition, est celle de la « Fontaine du diable » dans le Bois des côtes.

La source, relativement chaude ne gèle jamais, elle était réputée avoir des vertus bénéfiques, spécialement pour le bétail et jusqu’au début du XXe siècle les agriculteurs y amenaient leurs bêtes s’y abreuver.

Il est grossi sur son parcours, par plusieurs ruisseaux, le « rû du Criquet » venant des étangs du château d’Alincourt, le « ruisseau de la Tranchée » qui prend naissance aux étangs des Boves, puis du « ruisseau de Launay », des Vasuels, le ruisseau des Saulx de Dez.
Le Cudron, véritable poumon économique au XVIIIe et XIXe siècle a eu une importance considérable. Cette petite rivière actionnait sur son parcours de nombreux moulins, une dizaine environ pouvaient bénéficier des bienfaits de sa force hydraulique. La plupart étaient utilisés pour moudre du grain. Sur la commune de Buhy, plus précisément dans le hameau de Buchet on pouvait dénombrer trois moulins, aujourd’hui en ruines, ils s’appelaient :

Avant son arrivée à Buchet, le Cudron ne s’écoule plus aujourd’hui que par un canal de dérivation (bief) qui alimentait le « Moulin de la Bonde », ce dernier étant construit à l’emplacement de la bonde sur la levée qui barrait la vallée formant un étang de plusieurs hectares. Cet ancien lit aujourd’hui à sec sur une longueur de300 à 400 m, alimentait un étang piscicole dont la parcelle cadastrale conserve pour nom « le grand vivier ». Il faut attendre le déversoir du moulin passant par le lavoir de Buchet et le vannage pour que le Cudron retrouve son lit initial. Après, il semble s’enfoncer dans la vallée entre les maisons du hameau. Ces dernières étaient quelquefois inondées, car, avec le temps la voute du pont qui avait remplacé le gué de « la venelle au bois » s’était peu à peu affaissé et le lit du Cudron pendant ce même temps s’était entartré. Lors de violents orages le surplus d’eau ne pouvait passer sous le pont. Les riverains n’avaient alors d’autre solution pour limiter les dégâts, que de crever provisoirement les berges en amont, afin que la crue se déverse dans les prairies. Les travaux de 1997 ont remédié à ce désagrément.

Après avoir quitté le village, le ru, bordé d’arbres s’écoule en direction de la manufacture où son cours est à nouveau canalisé et surélevé par rapport aux prairies sur une centaine de mètres avant son arrivée à l’usine dont il reste quelques bâtiments).

Le Cudron quitte le hameau de Buchet puis la Norée pour entrer dans la commune de Saint-Clair-sur-Epte après avoir franchi le Pont rouge de la route menant de Buhy au Heloy. Après avoir parcouru 9 km, depuis sa source, il arrive à Saint-Clair où ses eaux rejoignent celles de l’Epte.

Le curage du Cudron

Les plus anciens l’ont toujours connu ce curage alors que les plus jeunes ne se souviennent plus à quelle époque cela s’est arrêté. Un héritage seigneurial ? Chaque année, vers la mi-juin, après la période des foins et avant le début de la moisson, l’eau du Cudron arrêtait de couler pendant trois jours. Une fois la date fixée, elle était publiée et pendant ces trois jours, les riverains avaient pour obligation de curer la partie du lit du Cudron qui traversait ou jouxtait leur propriété.

L’eau ne s’arrêtait pas de couler par miracle. Le ru était détourné, ses berges étaient crevées, le lit était barré par des planches, étanchéifiées avec de la terre et de la vase. Ainsi l’eau s’écoulait dans les prés et l’ancien marais sous le ferme de Launay. Le travail était pénible, mais c’était aussi un grand moment de convivialité pendant lequel chacun donnait un coup de main à son voisin et se retrouvait également sur le parcours communal. Pour les gamins c’étaient aussi la fête, patauger et se vautrer dans la boue où l’on s’enfonçait jusqu’à mi cuisse, armés de seaux pour explorer les flaques, fouiller sous les herbes pour attraper les loches, les chabots, les épinoches, il y avait également de curieux et jolis petits poissons noirs de 4 à 5 cm maximum auxquels nous ne saurions aujourd’hui donner de nom. C’était aussi l’occasion de ramasser quelques écrevisses.