Le battoir et la caisse à laver

Ces instruments, d’une époque pas si ancienne que çà sont pratiquement tombés dans l’oubli. Par tous les temps, les femmes amenaient leurs brouettes chargées de lessiveuses pleines de linge au lavoir.

La caisse à laver était un instrument indispensable qui jouait plusieurs rôles et amenait un peu de confort. La caisse à laver était un objet personnel que certaines lavandières transportaient à chaque lessive alors que d’autres les laissaient sur place. Ouverte sur un côté, cette caisse, était garnie d’un coussin ou d’un sac de paille ce qui permettait aux femmes de s’agenouiller au sec. La face avant était également un peu plus haute que les côtés, ce qui permettait de protéger un peu des éclaboussures.

Le battoir, comme son nom l’indique servait à battre le linge pour en faire sortir la lessive et la crasse. Il fallait faire très attention à ce que des poches d’air ne se forment pas dans le linge, car au premier coup de battoir, c’était l’explosion et la déchirure du linge assurée.
Nous ne pouvons pas quitter cette rubrique sans vous faire part d’un conte écrit par notre regretté Monsieur Robert POIRIER (poète à ses heures) qui s’intitule “Les Lavandières” .

Extrait de “Les Lavandières” de Robert POIRIER

Je vous parle du temps ou on lavait le linge quatre fois par an .

On faisait bouillir les pièces à blanchir avec de la soude dans une grande lessiveuse sur un poêle à bois. Les larges volutes de fumée signalaient à chacun dans le village chez qui on faisait « la buée ». Après plusieurs bouillons le linge était entassé dans un cuveau sur brouette basse , avec la caisse garnie de paille , le battoir et le cube de savon et les ménagères descendaient jusqu’au lavoir.

Là, chacune s’installait à sa place selon une certaine hiérarchie tacitement établie. La doyenne s’agenouillait dans sa caisse du côté de l’amont du rû de façon
à profiter de l’eau claire, la petite dernière à l’autre extrémité de l’abri. Alors commençait la symphonie des battoirs et aussi le caquetage des lavandières généralement orchestré par la plus ancienne. Elles se répétaient l’une à l’autre des commérages usés se rapportant le plus souvent à des infortunes conjugales .
La plus ardente à pratiquer ces cancans était la grande Augustine, dite TITINE,
Une gaillarde flamande à la tignasse rousse. Les autres l’écoutaient en se poussant du coude car s’était sans doute la femme la plus trompée du village .
Toutes le savaient, sauf elle, bien entendu et VIOLETTE, nouvelle habitante qui venait pour la première fois au lavoir.

A un moment ou les échanges s’étaient ralentis c’est dans un silence relatif qu’elle demanda à sa voisine « qui est donc la femme dont on dit qu’elle est la plus
Cornue ? ».

La question demeura sans réponse mais jeta un froid. Depuis ce jour l’ambiance au lavoir changea , les commères n’avaient plus le cœur à faire des ragots dont elles risquaient d’être la cible.